Rappelons-nous. Durant les trois derniers mois de la Première Guerre mondiale, les troupes de l’Empire britannique et en particulier le Corps canadien, mènent une série d’offensives décisives en France et en Belgique qui mèneront à la fin du conflit. Commencée le 8 août 1918 par la bataille d’Amiens, cette incursion s’achèvera le 11 novembre 1918 avec la bataille de Mons et la signature de l’Armistice à 05h15 du matin.
C’est d’ailleurs le 11 novembre 1918 que les Canadiens arrivent à Ville-sur-Haine. Le 28e bataillon de la Canadian Infantry y est alors chargé de sécuriser tous les ponts du Canal. George Price, jeune soldat canadien de 26 ans en fait partie. Alors que l’Armistice vient d’être signé, un message est en route vers son bataillon afin d’annoncer l’application du cessez-le-feu à 11h00 et l’interdiction formelle de traverser le canal du Centre. Nous sommes alors aux portes de la libération. La fin d’un des plus terribles conflits de l’histoire est annoncé et avec elle tous les espoirs des combattants et des populations.
Malheureusement, le message arrivera trop tard pour George Price qui avait déjà franchi le Canal et sera abattu par un sniper allemand à 10h58 à Ville-sur-Haine, deux minutes avant la libération. Il est le dernier soldat du Commonwealth mort lors de la Première Guerre mondiale. À ce titre, il fait figure d’exemple, d’archétype, dans le sens où il représente à lui seul tout le courage et la détermination des soldats venus se battre, souvent jusqu’à la mort, pour notre liberté.
Si son histoire se termine comme celle de millions d’autres combattants, l’absurdité des circonstances de sa mort survenant 2 minutes avant la fin de la guerre, fait de ce héros un symbole unique se situant entre tristesse et soulagement, entre désillusion et espoir. George Price est à la fois le dernier d’une interminable liste de sacrifiés mais il est aussi celui après lequel une nouvelle histoire est permise, celle d’une reconstruction et d’un monde qui, conscient de ses erreurs, a toutes les cartes en main pour assurer un avenir meilleur aux populations.
Marque indélébile des erreurs de notre passé, il est avant tout symbole d’espoir et représentant des valeurs universelles que sont la solidarité internationale, le courage et la défense des droits fondamentaux, sur lesquelles nous nous devons de bâtir notre futur.